Le point sur les écueils de cette opération et les conseils pour les prévenir.
Les complications de la rhinoplastie sont ainsi essentiellement de deux ordres.
- Esthétiques
- Respiratoires
Complications esthétiques d’une rhinoplastie
- i. Arête : trop creusée, bosse encore présente, toucher irrégulier,
asymétrie des os propres, déviation - ii. Pointe : asymétrique et déviée, trop pincée, trop large, mal définie
(dessinée), trop tombante, trop remontée, trop longue, trop courte - iii. Le bec de corbin (terme désuet pour corbeau) est une bosse du bas du
nez au-dessus de la pointe, qui vient, soit d’un manque de résection du
cartilage de cloison, soit d’une cicatrisation anormale (fibrose
excessive) aux multiples causes possibles.
En résumé, l’insatisfaction du patient à cause de « défauts » visibles est la
complication majeure et la plus fréquente constatée en termes de rhinoplastie
(amenant souvent à une rhinoplastie secondaire évitable). La cause principale
vient d’une mauvaise préparation préopératoire.
Pour prévenir ce problème crucial, il faut prendre le temps :
- D’informer, avertir le patient au maximum avant, notamment lui
expliquer le plus précisément possible les possibilités réelles de
l’intervention, ne pas lui faire croire que tout est réalisable et tous les
résultats possibles, au contraire. - Bien fixer le cadre des objectifs
- Savoir refuser d’intervenir là où l’on pressent un manque de
compréhension, un manque d’adhésion au projet proposé, notamment
face à des attentes totalement irréalistes.
Les simulations par images s’avèrent indispensables.
J’insisterais sur ce point, car cet outil doit être manié avec prudence en s’entourant de toutes les précautions et en le présentant assorti de tous les avertissements nécessaires. La simulation n’est pas là pour flatter le patient et lui promettre monts et merveilles à des fins commerciales. Elle est un outil efficace de communication et d’information des attentes réalistes de la rhinoplastie. Elle permet de « se mettre d’accord » et de vérifier que le patient a bien saisi les limites du possible.
Elle respecte 3 règles dans ma pratique :
- Être réalisées manuellement sur papier pour rester quelque part approximatives dans leur précision mais proches de la projection que peut faire un chirurgien expérimenté.
- Ne jamais les remettre au patient, car elles sont néfastes à la phase de récupération de sa nouvelle image pendant les mois qui suivent la chirurgie du nez. Elles doivent être une aide avant et disparaitre après l’intervention du champ de conscience du patient et du champ de la relation médecin-patient.
- En général, être introduites seulement à la deuxième consultation, pour laisser la communication purement verbale dominer la première consultation au cours de laquelle les 2 protagonistes font connaissance.
Bien entendu, nous insisterons ici sur la maitrise technique extrêmement
rigoureuse et l’expérience que demande la rhinoplastie pour réduire au
maximum les aléas esthétiques.
Je citerais la rhinoplastie ultra-sonique comme une révolution technologique
et philosophique majeure en ce sens. La sécurité, la précision, la fiabilité, les
possibilités qu’elle apporte sont des armes dont on ne saurait se passer dans
une vision éthique de notre métier.
La recherche du « meilleur prix », débouchant parfois sur le tourisme
chirurgical, me parait extrêmement dangereux quand on désire se faire opérer
du nez. J’ai malheureusement réalisé de trop nombreuses rhinoplasties
secondaires issues d’un tel parcours, pour savoir que les critères de rigueur,
maitrise des meilleurs outils, temps consacré à la préparation du projet,
éthique inflexible, ne sont jamais respectés, ouvrant la voie à toutes les
complications évitables décrites ici.
S’il vous plait, ne bâclez pas cette phase préopératoire qui conditionne
totalement le succès de votre chirurgie.
Complications respiratoires d’une rhinoplastie
- i. Sensations de nez bouché, troubles de l’odorat, difficulté respiratoire
sont des suites réversibles classiques de la rhinoplastie. - ii. Quand un des troubles de la valve nasale persiste, il vient soit d’une
résection excessive de cartilage notamment du 1/3 moyen, soit d’un
problème préexistant au niveau de la cloison, des cornets ou des sinus
qui devient parlant après les modifications de la structure
architecturale du nez. - iii. Pour les éviter, il faut :
1. Une bonne maitrise des gestes techniques de la rhinoplastie
pour toujours modérer les résections ou renforcer les ressorts
cartilagineux, là où les impératifs esthétiques imposent des
réductions importantes
2. Un bilan préopératoire qui comprend pour ma part un scanner
systématique suivi d’une consultation ORL au moindre doute.
3. Sera alors associé parfois un acte médical fonctionnel comme
septoplastie, méatotomie, turbinoplastie par exemple.
Conclusion
On voit que la rhinoplastie est affaire de spécialiste, pour la connaissance, l’expérience, l’apprentissage et la maitrise technique qu’elle demande ; que des consultations préopératoires multiples sont obligatoires, avec des explorations fonctionnelles détaillées si besoin.
Le temps ne doit donc pas être économisé, il ne faut pas se précipiter, éventuellement voir plusieurs spécialistes si on n’est pas totalement rassuré.
Une bonne préparation, complète, détaillée, éthique et sérieuse permet d’éviter la très grande majorité des complications de cette merveilleuse mais délicate intervention de chirurgie que représente la rhinoplastie.
publié: 08.11.2019