Le danger des traitements par des personnes non qualifiées

Je ne suis pas le seul à tirer la sonnette d’alarme, mes collègues médecins esthétiques, dermatologues et chirurgiens plasticiens sont tous confrontés à cette vague déferlante. Et nous sommes tous horrifiés par les conséquences de ces actes ou la prise en charge des suites. Instagram et Snapchat etc sont pleins de ce type d’offres et malheureusement les autorités (Ministère de la Santé, Ordre des Médecins, DGS, ARS, Préfets, Police…) sont souvent très peu réactives face à ce phénomène.

Or il y a un réel risque pour les patients : Infections, hématomes, nécroses, déformations… Surtout quand les effets secondaires sont pris en charge de façon retardée.

Que dit la loi ?

Ces personnes trompent ceux qui viennent les voir en leur montrent des diplômes qui n’ont aucune valeur légale pour des formations en une journée… Soyons sérieux on ne peut apprendre ce métier en une journée ou même plusieurs… Ces praticiens sont parfois victimes des formateurs qui prennent 1500 euros/ Jours pour ces pseudo formations. 

Parfois ces personnes ont tout juste visionné des tutos sur internet…

Il n’y a aucune ambiguïté la loi est parfaitement claire à ce sujet et l’ARS a répondu à ce sujet fin aout de façon limpide : Il n’y a pas de vide juridique, les injections par Hyaluron Pen et le microneedling sont des techniques qui sont réservées aux médecins car il y a une effraction cutanée. Ils ne peuvent en aucun cas s’apparenter au tatouage qui bénéficie d’une dérogation si le tatoueur est formé par un diplôme reconnu.

Dans quelles conditions se font ces actes ?

A domicile, à l’hôtel, dans des locaux pas adaptés… Dans le meilleur des cas c’est dans une pièce dédiée, sinon dans un salon, une cuisine… Un patient venu me voir a été injecté dans un grenier !!! Bien évidemment vous pouvez imaginer les conditions d’hygiène dans lesquelles ces actes peuvent être pratiqués. 

Se pose aussi le problème de l’élimination des aiguilles et des déchets souillé de sans qui doivent être éliminés dans des « DASRI » c’est-à-dire des containers jaunes pour récupérer tous les instruments piquants ou coupants et les compresses souillées de sang. Ces déchets sont pris en charges normalement par des sociétés spécialisées qui les incinèrent et les tracent. Cela est obligatoire chez les médecins, infirmières, mais aussi les tatoueurs…

Quels sont les actes proposés ? 

Le Hyaluron Pen : 

Cet appareil est dangereux, il avait été proposé il y a plus de 10 ans aux médecins, la Société Française de Mésothérapie l’avait interdit à ses adhérents car il est trop délabrant pour les tissus !

Je n’ai jamais vu d’hématomes aussi épais et étandus qu’avec le hyaluron Pen… C’est effrayant. Jamais ne n’ai eu en vingt ans un hématome pareil en utilisant des aiguilles pour traiter des lèvres.

Voici un exemple d’une patiente venue me consulter il y a quelques semaines…

Sans parler des déformations provoquées par ces injections parfois..

 Du microneedling, mais aussi des injections d’acide hyaluronique !! Que ce soit dans les lèvres mais aussi sur des zones complexes comme les cernes ou le nez…

Le danger de complication est majeur.

Voici un cas vu en clinique par des confrères anglais :

Quelle est la prise en charge des complications ?

En cas de problème la prise en charge est souvent chaotique, parfois les victimes sont bloquées et n’ont plus aucune réponse de la personne qui a réalisé l’acte. Ils sont souvent laissés à eux-mêmes sans plus d’explication et bien sûr ils se tournent vers des médecins ou chirurgiens…

Bien entendu il n’y a aucune assurance possible puisque ces actes ne sont pas légaux. 

Les médecins qui sont vus ensuite sont dans un dilemme puisque pour corriger les injections d’acide hyaluronique par exemple il faut utiliser une technique qui se fait dans un cadre hors AMM (Autorisation de mise sur le marché), ce qui engage fortement sa responsabilité. Mais d’autre part, aider les patients est notre devoir… Donc c’est très complexe.

De plus les patients dans ce cas ressentent une culpabilité importante et n’osent pas porter plainte en cas de problème. Je vous rappelle que vous êtes des victimes ! Il est important de faire constater les lésions préférablement par un service de médecine légale ainsi que des photos.

Le risque pour les personnes qui pratiquent c’est d’abord un risque légal avec une responsabilité pénale. C’est parfaitement précisé par l’ARS dans le courrier ci-dessus. Il n’y a aucune ambigüité à ce sujet. C’est aussi une responsabilité civile totale sur un éventuel dommage corporel puisqu’aucune assurance ne peut couvrir ce risque.

Mais quelles sont les motivations de se faire traiter à bas coût ?

Le prix bien sûr, mais il s’agit de votre visage, est-il low cost ? Répareriez-vous vos freins en allant voir un tuto sur internet ?

Cet article est-il corporatiste ?

Clairement non, je ne pratique pas le low cost, je ne suis pas en concurrence avec ces personnes qui travaillent illégalement. Mes soins sont qualitatifs et j’assure les suites des traitements que je prodigue dans des conditions d’hygiène et de sécurité optimums.

J’utilise des produits parfaitement tracés et de qualité. Beaucoup de produits utilisés sont achetés sur internet ou de pauvre qualité. J’ai eu des discussions assez tendues avec certaines personnes sur ce forum même mais vraiment pensez avant tout à votre sécurité.

Soyez prudents, il s’agit de votre visage, son intégrité et votre santé peuvent être en danger ! Ne soyez pas uniquement portés par le prix qui ne doit être qu’une composante de votre choix, la sécurité doit être la plus importante.