Monsieur Belhassen, vous êtes spécialiste de l'augmentation mammaire. Pourriez-vous décrire le développement de cette procédure populaire ?
La plastie d'augmentation mammaire est une intervention qui consiste à augmenter le volume du sein. On peut soit utiliser une prothèse en silicone (plus rarement au sérum physiologique), soit injecter de la graisse du patient qui aura été prélevée par lipoaspiration (lipofilling).
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Quelles sont les tendances actuelles en ce qui concerne l'augmentation mammaire ?
Aujourd'hui en consultation, nous voyons plus de demandes de prothèses mammaires parce que les patientes souhaitent un volume précis et un résultat immédiat.
L'augmentation mammaire par lipofilling peut nécessiter de réintervenir en deux fois pour avoir le volume souhaité (à cause de la fonte partielle de la graisse injectée).
Quelles sont les méthodes les plus fréquentes ?
Le Lipofilling et la mise en place de prothèse sont toutes les 2 répandues. Les prothèses peuvent être mises devant le muscle, à ce moment-là je privilégie les prothèses anatomiques pour éviter que le bord de la prothèse soit visible. La deuxième solution est de mettre la prothèse derrière le muscle (chez les patientes maigres ou souhaitant un gros volume).
Dans ce cas de figure en général je privilégie les prothèses rondes car le muscle appuie sur la partie supérieure de la prothèse dans le corps ce qui donne de toute façon une forme plutôt anatomique. J'utilise le plus fréquemment des prothèses en silicone. À noter que la silicone entraîne aucune maladie ni aucun cancer.
Pourriez-vous citer les avantages et les inconvénients des implants et du lipofilling ?
Les implants mammaires donnent un volume précis et un résultat immédiat. On peut déterminer avec précision la projection souhaitée (au millimètre près), la forme souhaitée et l'intervention est relativement simple et peu douloureuse. L'inconvénient des prothèses est la nécessité de réintervenir à 10 ans plus tard ainsi que le risque de rupture (assez faible néanmoins). Il existe également des risques de complications à type d'infection ou de coque périprothétique.
La coque péri-prothétique, un peu plus fréquente chez les fumeurs, est la création d'une enveloppe autour de la prothèse qui progressivement devient dure et ferme et peut déformer les prothèses. Le lipofilling est une technique plus naturelle car sans corps étranger. L'autre avantage du lipofilling est le bénéfice des liposuccions qui se font durant le prélèvement de la graisse. Il s'agit d'un résultat définitif.
À long terme il n'y a pas de réinterventions nécessaires. En revanche, parfois le volume après la première intervention est insuffisant et nécessite une réinterventions 4 mois plus tard.
Qui est une candidate idéale pour l'augmentation mammaire avec les implants ?
La candidate idéale pour les implants est une patiente qui n'a pas suffisamment de graisse pour réaliser un Lipofilling. Je dirais que toutes les patientes sont de bonnes candidates pour les implants mammaires à partir du moment où elles sont désireuses d'une augmentation mammaire et acceptent un corps étranger. En revanche, je contre-indique cette intervention pour les patientes qui ont eu une radiothérapie du sein, car dans ce cas le risque de coque est plus élevé (20% vs 1 % dans la population générale).
Dans quels cas le lipofilling est à recommander ?
Le lipofilling mammaire est une bonne stratégie d'augmentation mammaires si la patiente souhaite augmenter de 1 ou 2 bonnets au maximum. Il faut évidemment qu'elle aie une réserve de graisse suffisante et qu'elle veuille bénéficier de lipo-aspirations, ce qui est souvent le cas.
Le lipofilling est une méthode récente. Comment l'opération se déroule-t-elle ?
L'intervention commence comme une lipoaspiration classique. La patiente est endormie sous neurolepanalgésie. C'est une particularité de notre clinique. La patiente dort dans un sommeil profond, ne ressent aucune douleur et ne garde aucun souvenir. Je réalise une infiltration au sérum adrénaliné sur les zones choisies, en général l'abdomen, les cuisses, les hanches et/ou les culottes de cheval.
Cette graisse est prélevée dans une poche spécifique stérile qu'on appelle le purgraft et elle va être lavée pour éliminer toutes les impuretés. Par la suite la graisse est réinjectées sur tous les plans du sein en éventail de la profondeur à la superficie pour permettre une augmentation homogène et naturelle. Cela n'occasionne quasiment aucune cicatrice du sein ce qui rend cette technique très intéressante. Il faut savoir qu'après l'intervention 70 à 75 % de la graisse injectée va rester à vie. Il y aura 25 % de pertes dues à la manipulation de la graisse.
En ce qui concerne les risques et les complications, quelle méthode est plus sûre ?
Franchement, les deux méthodes ne comportent pas de risque majeur. Il faut être rigoureux en matière d'asepsie, utiliser du mon matériel stérile, faire une antibioprophylaxie (c'est-à-dire que pendant l'intervention de l'antibiotique est injecté dans les veines) et garder une surveillance étroite de la patiente.
Pourriez-vous comparer la convalescence après les deux interventions ?
Pour les 2 interventions la convalescence se fait facilement sans problème puisque la patiente peut sortir de chez elle et se promener au bout de quelques jours. Souvent il s'agit d'une hospitalisation en ambulatoire. Seule l'augmentation mammaire par prothèse mise derrière le muscle (en rétropectoral) est légèrement plus douloureuse. À la clinique Mozart nous avons un protocole antidouleur bien déterminé avec nos anesthésistes. Nous utilisons trois molécules successivement avec des stratégies bien fixées permettant de limiter énormément les douleurs.
Quels sont les résultats ? Comment assurer un résultat durable ?
Les résultats dépendent en réalité de la volonté de la patiente en préopératoire. Je réalise une simulation en 3 dimensions avec la patiente sur écran géant. Elle voit son corps avec les différentes possibilités d'augmentation de volume et c'est la patiente qui choisit la taille définitive de ses seins. Il y a des pièges techniques à éviter pour permettre un résultat durable.
Il faut éviter néanmoins de faire une augmentation mammaire si on a des projets de grossesse et d'allaitement. En effet, la modification du volume des seins pendant ces périodes altère le résultat esthétique.
Monsieur Belhassen, nous vous remercions de vos réponses.
mise à jour: 13.12.2018